Texte sur les préjugés
Un étrange peuple :
les Papalaghi.
| Le corps des Papalaghi est recouvert de tissus, de nattes et de cuir.
Les Papalaghi portent aux pieds du cuir souple et du cuir rigide. Avec celui rigide, les Papalaghi construisent une espèce de canoë juste assez grand pour y enfiler le pied. Tout ceci est contre nature et fait mourir les pieds, qui commencent à puer.
Les huttes des Papalaghi ressemblent à des grands coffres en pierre, qui sont à leur tour divisés en beaucoup d’autres plus petits. Ces gros coffres sont souvent très nombreux, en rang les uns à côté des autres, séparés entre eux par une fissure au fond dur, large comme un cours d’eau.
Le vrai dieu des Papalaghi est le métal rond et le papier lourd : sans eux, personne ne peut vivre. Il n’y a que pour l’air qu’ils respirent que le métal rond et le papier lourd ne sont pas nécessaires.
Les Papalaghi divisent la journée selon un système très précis. De plus, tous, hommes, femmes et enfants portent sur eux une petite machine ronde qui leur permet de lire le temps.
Les Papalaghi sont toujours pressés. La plupart de leurs machines (des canoës en métal qui sont très rapides sur la terre, sur l’eau et même d’un nuage à l’autre) servent à arriver plus vite.
Dans toutes les huttes des Papalaghi, il y a une machine de la fausse vie qui irradie de la lumière. A l’intérieur se trouvent des personnes qui ressemblent à de vrais Papalaghi, mais qu’on ne peut pas saisir. Les Papalaghi se tiennent assis et immobiles devant la machine de la fausse vie , qui montre leurs joies et leurs peines, leurs folies et leurs faiblesses, les femmes et les hommes les plus beaux, les plus grands chefs, vus de près comme s’ils étaient des égaux, des Papalaghi qui tuent d’autres Papalaghi et d’autres choses encore. Ainsi tout le monde peut vivre une fausse vie et personne ne sait plus la distinguer de la réelle. |